Henry-Jean Servat
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schneider (romy)
HJS. Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Romy Schneider ?
BB.
Je l'ai vue, pour la première fois, lors d'un gala. Cela devait être le
gala de l'Union des artistes. On nous a présentées l'une à l'autre,
nous nous sommes dit bonjour en souriant.
HJS. A quelle occasion et en quelles circonstances êtes-vous devenues plus proches et meilleures amies ?
BB.
Bien plus tard. Au début des années soixante-dix. Elle avait d'abord
loué, puis acheté, une maison à Saint-Tropez. Elle ne vivait plus avec
son mari, Harry Mezen, mais avec Daniel Biasini. Elle possédait un
restaurant, le Vieux Moulin, où il allait fréquemment dîner en sa
compagnie. Un soir, nous avons dîné à la même table et nous nous sommes
immédiatement très bien entendues. Nous avions la même façon de voir les
choses. Elle m'a paru, dès ce premier soir où nous nous avons vraiment
discuté et sympathisé, d'une lucidité farouche par rapport au métier
d'actrice et aux gens qui l'exerçaient. Et c'est cette lucidité qui nous
a rapprochées et réunies, et qui a fini par la détruire. Et qui m'a un
peu détruite.
HJS. Romy Schneider est-elle venue à la Madrague ?
BB.
Bien sûr, je l'ai invitée et elle est venue. Souvent. Nous étions
toutes deux traquées par les photographes qui ne nous laissaient pas en
paix. Chez moi, elle était plus tranquille. Nous sommes restées copines
jusqu'au bout, nous avions gardé la même amitié mais nous avions cessé
de nous voir. Elle a arrêté de venir à Saint-Tropez, trop de
photographes la harcelaient. Nous parlions ensemble de tout, sauf de
cinéma. Elle était très discrète, et moi aussi, sur sa vie personnelle.
Nous parlions du quotidien, de la vie et des animaux. Elle les aimait et
je me souviens d'un grand nombre de photos sur lesquelles ils
entouraient Romy.
HJS. Comment avez-vous vécu sa disparition ?
BB.
Très mal. Sa disparition fut, comme celle de Marilyn, un moment
terrifiant. Elles étaient des êtres de grâce. Elles étaient plus que
belles. Elles étaient plus que douées. J'ai mal vécu leur mort. D'abord
parce que l'une et l'autre étaient des créatures exceptionnelles et des
femmes fabuleuses. Ensuite parce que je pensais à moi. Je reste
infiniment persuadée que le cinéma les a tuées toutes les deux, et si la
disparition de Romy m'a terriblement attristée, elle m'a aussi doné une
certaine force. J'ai en effet compris qu'en arrêtant le cinéma, j'avais
sauvé ma vie. Si je suis moi, aujourd'hui, encore là, c'est parce que
j'ai su quitter le cinéma à temps.
Été
1968 - La rencontre entre Romy et Brigitte en présence d'Alain et de Robert Sargent Shriver (ambassadeur des Etats-Unis), sur le tournage de la piscine |
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