Septembre 2019

Henry-Jean Servat
Bardot la légende
                                                                                
Éditions Hors Collection - 2009 - Achevé d'imprimer en septembre 2009


Page 138

schneider (romy)
  
HJS. Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Romy Schneider ?
BB. Je l'ai vue, pour la première fois, lors d'un gala. Cela devait être le gala de l'Union des artistes. On nous a présentées l'une à l'autre, nous nous sommes dit bonjour en souriant.

HJS. A quelle occasion et en quelles circonstances êtes-vous devenues plus proches et meilleures amies ?
BB. Bien plus tard. Au début des années soixante-dix. Elle avait d'abord loué, puis acheté, une maison à Saint-Tropez. Elle ne vivait plus avec son mari, Harry Mezen, mais avec Daniel Biasini. Elle possédait un restaurant, le Vieux Moulin, où il allait fréquemment dîner en sa compagnie. Un soir, nous avons dîné à la même table et nous nous sommes immédiatement très bien entendues. Nous avions la même façon de voir les choses. Elle m'a paru, dès ce premier soir où nous nous avons vraiment discuté et sympathisé, d'une lucidité farouche par rapport au métier d'actrice et aux gens qui l'exerçaient. Et c'est cette lucidité qui nous a rapprochées et réunies, et qui a fini par la détruire. Et qui m'a un peu détruite.

HJS. Romy Schneider est-elle venue à la Madrague ?
BB. Bien sûr, je l'ai invitée et elle est venue. Souvent. Nous étions toutes deux traquées par les photographes qui ne nous laissaient pas en paix. Chez moi, elle était plus tranquille. Nous sommes restées copines jusqu'au bout, nous avions gardé la même amitié mais nous avions cessé de nous voir. Elle a arrêté de venir à Saint-Tropez, trop de photographes la harcelaient. Nous parlions ensemble de tout, sauf de cinéma. Elle était très discrète, et moi aussi, sur sa vie personnelle. Nous parlions du quotidien, de la vie et des animaux. Elle les aimait et je me souviens d'un grand nombre de photos sur lesquelles ils entouraient Romy.

HJS. Comment avez-vous vécu sa disparition ?
BB. Très mal. Sa disparition fut, comme celle de Marilyn, un moment terrifiant. Elles étaient des êtres de grâce. Elles étaient plus que belles. Elles étaient plus que douées. J'ai mal vécu leur mort. D'abord parce que l'une et l'autre étaient des créatures exceptionnelles et des femmes fabuleuses. Ensuite parce que je pensais à moi. Je reste infiniment persuadée que le cinéma les a tuées toutes les deux, et si la disparition de Romy m'a terriblement attristée, elle m'a aussi doné une certaine force. J'ai en effet compris qu'en arrêtant le cinéma, j'avais sauvé ma vie. Si je suis moi, aujourd'hui, encore là, c'est parce que j'ai su quitter le cinéma à temps.

Été 1968 - La rencontre entre Romy et Brigitte en présence d'Alain et de
Robert Sargent Shriver (ambassadeur des Etats-Unis), sur le tournage de la piscine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire