Mercredi 24 mars 2021

« Max et les ferrailleurs », tout le génie de Piccoli

    En 1970, Claude Sautet veut tourner la page « César et Rosalie ». Il décide donc d’adapter un roman noir de Claude Néron. Parce qu’il a été humilié, Max (Michel Piccoli), ancien juge devenu flic, poursuit une obsession : « agrafer » en flagrant délit des malfrats trop souvent impunis à son goût. Basés dans un troquet de Nanterre, Abel (Bernard Fresson) et sa joyeuse bande de ferrailleurs feront l’affaire. Pour mieux les piéger, Max débarque dans la vie de Lily (Romy Schneider), prostituée proche d’Abel, et lui souffle à l’oreille un coup fastoche.

   Sautet voyait dans ce polar stylisé sur un justicier maniaque à la froideur totale un procès du stalinisme : « Pour Max, comme pour les staliniens, affirmait-il, la fin justifie les moyens. » A la sortie du film, François Truffaut le félicitera d’avoir mis en scène l’histoire d’un antihéros. Mais le réalisateur fait aussi son autoportrait : Max est, au fond, un metteur en scène qui élabore non pas ses plans mais un seul et unique plan diabolique. Il faut revoir « Max et les ferrailleurs » pour la BO exemplaire signée Philippe Sarde, ses voix off, Romy, Piccoli… et l’incroyable regard final, entre Max et Lily.

nouvelobs.com du 24/03/21

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